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il lui a offert son concours à la condition que Victor-Emmanuel se dévouerait de son côté à l’unité. C’est à peu près ainsi que les Jacobins de Robespierre prêtèrent en 1804 serment à Napoléon, et plus tard, en 1814, à Louis XVIII. Seul le républicain fédéraliste, pour qui le gouvernement est exclusivement le produit et l’expression d’un contrat, est fondé, en logique et en droit, à refuser le serment. Le pacte fédératif et l’hommage féodal ou impérial impliquent contradiction.


Nous aurons bientôt en France des élections. Naturellement M. Fr. Morin, jacobin, mazzinien, catholique romain, admettra, n’eût-il d’autre raison, qu’en vertu du principe d’unité qui est l’âme et la raison d’État de son parti, les candidats de la Démocratie peuvent parfaitement prêter serment à l’Empereur. Ils n’ont nul besoin pour cela d’être affectionnés à sa personne ou d’approuver sa politique, pas plus qu’autrefois le royaliste, en prêtant serment, n’avait besoin d’aimer et d’estimer son roi ; pas plus que M. Thiers, entrant au ministère et prêtant serment, n’avait besoin d’être l’âme damnée de Louis-Philippe. Il suffit, aujourd’hui comme alors, que le prince soit l’expression de la pensée générale à laquelle se rallie celui qui prête serment.


Ainsi, de l’aveu de la Démocratie et de M. Frédéric Morin lui-même, d’une part la constitution française, royaliste, impériale ou démocratique, le titre et la forme n’y font rien, étant une constitution fondée sur un contrat, mais dans laquelle il entre plus d’autorité que de liberté, qui par conséquent admet, dans une certaine mesure, la person-