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tous les serments avaient été des parjures, qu’il était inutile de l’imposer, qu’on ne pouvait se fier à personne, que la République n’avait pas même à compter sur la fidélité de ses constituants. Et comme si l’on eût voulu continuer, sous une autre forme, cette tradition du parjure, on criait de plus belle : Vive la République ! Que n’abolissait-on ce cri aussi bien que le serment !… Notez que, par une inconséquence qui ne fut que trop bien relevée, ce même serment, aboli pour tout le monde, était, par exception, exigé du Président de la République. La vérité était que la prestation du serment est un contre-sens dans une République ; malheureusement il y avait ici quelque chose qui faussait le principe et rendait tout le monde hypocrite. La République étant unitaire, repoussant, sous le nom de Droit au travail, la fédération industrielle, supportant impatiemment le flot démocratique, admettant des principes antérieurs et supérieurs que l’on ne définissait pas et qui ouvraient la porte à l’idéalisme, on n’avait pas le droit de se dire lié par la seule vertu du contrat, et devant l’abrogation prématurée du serment la conscience nationale protestait par le cri redoublé de : Vive la République !


Dans la monarchie constitutionnelle, système hybride, équivoque, fondé à la fois sur l’autorité et sur le contrat, le serment de fidélité au prince est exigé des fonctionnaires et des représentants ; mais il l’est en même temps du prince, obligé, à son avénement, de jurer fidélité à la constitution. Là, le pouvoir est divisé quant aux catégories ministérielles, mais l’administration est centralisée ; là, le gouvernement est impersonnel, en ce sens que toute ordon-