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l’imiter, sans que la vérité que de libres penseurs se doivent l’un à l’autre en souffre.


Je ferai d’abord observer à M. Fr. Morin, avec toute la considération que mérite son caractère, que son éloge de Mazzini, très-sincère je n’en doute pas, me semble néanmoins, à la place qu’il occupe, avoir eu quelque peu pour objet de faire passer le reste de l’article. M. Fr. Morin avait besoin de ce parachute pour faire entendre à ses lecteurs lyonnais, sans s’exposer lui-même à perdre leur confiance, qu’un homme pouvait fort bien repousser l’unité italienne et combattre la politique de Mazzini, sans être pour cela un ennemi du peuple et de la liberté. C’est ainsi que M. Pelletan, protestant dans ses deux brochures contre l’unitarisme italien, s’est cru obligé de mêler à ses critiques, d’un côté un éloge pompeux de Garibaldi, bien qu’il soit forcé d’en condamner l’expédition, de l’autre une diatribe contre l’Autriche, bien que naguère il ait dit d’elle : La liberté comme en Autriche ! ce qui lui valut un mois de prison.


Telle est de nos jours la misère intellectuelle et morale de la démocratie, que ses plus dévoués défenseurs ne peuvent hasarder la moindre observation en dehors du préjugé courant sans se rendre aussitôt suspects.


Par quel affreux serment faut-il vous rassurer ?


Un écrivain démocrate doit avoir sans cesse ce vers d’Hippolyte à Thésée présent à la mémoire. Être Fr. Morin, Pelletan, et se résigner aux fourches caudines d’une justifcation perpétuelle !