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ou qui les expriment ? Étonnante pudeur du jacobinisme ! C’est un empereur, Napoléon III, qui propose aux Italiens la fédération : donc, on la rejettera parce qu’elle vient d’un empereur, et on lui préférera, quoi ? la royauté. Ce sont des princes constitutionnels qui représenteront cette confédération : donc encore on devra la rejeter parce que les États confédérés seraient des monarchies, et on lui préférera, quoi ? une royauté militaire, une concurrence à l’Empereur !


Au reste, ne soyons pas dupes de cette délicatesse jacobine. Le jacobinisme est avant tout unitaire, c’est-à-dire monarchique, avec ou sans roi ; M. Fr. Morin le reconnaît pour son compte, en se prononçant contre la fédération. Le jacobinisme est bourgeois dans l’intérêt de l’ordre : M. Fr. Morin le déclare en faisant appel à la bourgeoisie. Le jacobinisme, enfin, est juste-milieu : M. Fr. Morin ne le dissimule pas, en préconisant un système d’unité et de décentralisation tout à la fois. Unitarisme, bourgeoisisme, juste-milieu : voilà, au fond, pourquoi le jacobinisme est opposé à la fédération, voilà pourquoi la démocratie a tant déclamé contre le traité de Villafranca. Sommes-nous à bout de contradictions ? Non. Comme les sentiments de M. Fr. Morin le rattachent de préférence à la plèbe, le voici qui, tout en soutenant l’unité et faisant appel à la bourgeoisie, témoigne déjà la crainte que le gouvernement de Victor-Emmanuel ne soit trop unitaire, trop bourgeois, trop juste-milieu. Cela rappelle Robespierre poursuivant de ses invectives feuillants, girondins, dantonistes, hébertistes et modérés, sans qu’il pût dire de quelle opinion lui-même