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tant soit peu instruits, que la centralisation est croissante en Belgique, tandis que l’ancien esprit communal et fédératif s’en va ; que le pouvoir central fait à celui-ci une rude guerre, et ne s’en cache même plus. J’ai dit déjà que l’une des causes du mécontentement que j’ai soulevé en Belgique par mon article sur l’unitarisme italien, était qu’en attaquant celui-ci je combattais indirectement l’unitarisme belge[1]. Un phénomène analogue se passe en Angleterre, en Prusse et partout où le principe fédératif n’est pas fortement constitué et rigoureusement défini. La guerre des États-Unis en est encore une preuve.


Tout pouvoir tend à la concentration et à l’accaparement les traditions ; la race, le génie n’y font rien ; et il suffit, pour que cette tendance centralisatrice devienne une réalité, qu’il existe de fait ou de droit une opposition

  1. La loi qui a supprimé les octrois en Belgique a fait de la décentralisation de ce pays une véritable anomalie. Soixante-dix-huit villes ou communes ont renoncé par cette loi à avoir un revenu propre : c’est du budget de l’État qu’elles reçoivent aujourd’hui le montant de leurs dépenses ; ce sont les représentants de la nation qui les votent ; c’est le ministre des finances qui, par conséquent, est le véritable administrateur en chef des finances de toutes les communes belges. D’un seul coup la Belgique tout entière s’est trouvée transformée en une vaste préfecture. Comment concevoir, dans un pareil État, l’existence de ce que la France, redevenue Empire, persiste à réclamer, des libertés municipales ? Je le répète : la chose serait non-seulement contraire au droit de l’État, au droit des Chambres aussi bien que du gouvernement ; elle serait une irrégularité budgétaire, une impossibilité. Les habitants des communes belges l’ont ainsi voulu ; les Chambres, sur leur commandement, l’ont voté : on peut dire que la démission du pays entre les mains du gouvernement a été complète. Et cet honnête bourgeoisie belge se moque de nos inclinations unitaires !…