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il s’y prendra pour montrer que la liberté et l’égalité peuvent résulter de l’indivision du pouvoir, de la centralisation administrative, de la concentration des forces économiques, de l’accaparement et de la suprématie des capitaux, comment la mutualité économique pourrait être autre chose qu’une fédération.


M. Fr. Morin repousse avec moi « cette fausse unité qui absorbe toute vie locale dans l’abîme immobile de l’État ; » mais il prétend qu’il existe un moyen-terme entre la centralisation absolue et le fédéralisme. Il observe que les formes de la sociabilité humaine ne se réduisent point à deux ; qu’elles sont extrêmement nombreuses ; que la cité grecque n’était pas le même genre d’association politique que le municipe italien, ni celui-ci le même que la commune du moyen âge dont il fut l’antécédent ; que la commune a été dépassée à son tour par la nationalité moderne, très-différente de ce que l’on appelait un peuple dans l’antiquité ; qu’il existe des États à la fois unitaires et décentralisés, tels que la Belgique, l’Angleterre et la Prusse ; et il conclut par un appel à la bourgeoisie française, qu’il invite, à l’exemple de l’aristocratie anglaise, à ressaisir, dans l’intérêt des masses et dans le sien, les rênes du gouvernement, et à reconstituer l’unité nationale tout en la décentralisant.


J’avoue que j’étais loin de m’attendre à de semblables conclusions de la part d’un démocrate aussi prononcé que M. Morin, et j’ai grand’peur que ces belles idées, qu’il attribue à une distraction de mon esprit d’avoir méconnues, ne soient tout simplement l’effet d’une confusion du sien.