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pour soutenir une pareille tâche ? J’ose répondre que non. Mais alors son projet de solution se réduit à zéro : il a parlé pour ne rien dire. Après avoir fort bien compris que la question papale traîne à sa suite la question religieuse, il s’est gravement trompé s’il s’est imaginé que, pour résoudre celle-ci, il suffirait de mettre par décret impérial le clergé hors le budget et la propriété, les cardinaux hors le Sénat, l’Église hors l’école, la religion hors la politique. C’est le cas de lui rappeler le mot : Chassez-les par la porte, ils rentreront par la fenêtre. Êtes-vous en mesure de remplacer la religion, que sans doute votre intention n’est pas de proscrire ? Et si vous n’êtes en mesure d’opérer ce remplacement, pouvez-vous, Monsieur de Girardin, empêcher, sous un régime de liberté, les réunions et associations religieuses ? Pouvez-vous fermer les écoles libres ? Pouvez-vous exclure du droit de suffrage, des candidatures et des emplois, les ecclésiastiques ?… Décrétée d’ostracisme par le gouvernement, l’Église va donc, en vertu de la législation et de la liberté, reparaître, quoi que vous fassiez, dans le temporel, dans l’État, dans le gouvernement. Elle s’y rétablira d’autant plus fortement que vous vous serez montré plus incapable de remplacer son ministère dans les régions élevées de l’ordre moral. Vous vous apercevrez alors que la question religieuse ne se résout pas par ordonnance, non plus que la question de l’unité italienne ne se peut résoudre en donnant Naples, Rome et Venise à Victor-Emmanuel.


Est-ce sérieusement, d’ailleurs, que l’on propose à un chef d’Empire sorti de deux coups d’État contre la Révolu-