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stratégie, je crois que le contraire résulte de la simple inspection des frontières. Faut-il être un grand naturaliste pour dire, à la vue d’un quadrupède armé d’ongles et de dents, comme le lion, que cet animal est organisé pour le carnage, destiné à se repaître de chair vivante et à s’abreuver de sang ? Il en est ainsi de l’Italie, armée jusqu’aux dents du côté de la France, inoffensive pour nous alors seulement qu’elle est divisée. M. Guéroult soutient, il est vrai, que cette armature est à la destination de l’Autriche ; quant à la France, la similitude des principes en fait une sœur de l’Italie. Douce fraternité ! Malheureusement l’expérience, autre lieu commun, donne à ces deux assertions le plus éclatant démenti. C’est avec la patrie de Brennus que l’Italie a toujours été en guerre ; c’est de ce côté qu’elle a toujours redouté l’invasion ; c’est contre la France qu’après la mort de Louis-le-Débonnaire la politique romaine appela les Allemands à l’empire ; c’est par l’effet de cette antipathie de la nation italienne contre la nôtre que l’on s’est jeté à corps perdu dans l’unité, et que l’Autriche se trouve encore aujourd’hui en possession de l’État de Venise ; c’est contre la France, enfin, que la maison de Savoie a constamment dirigé sa politique.


Vous parlez de la similitude des principes. Mais, à l’heure qu’il est, il y a plus de similitude de principes entre l’Autriche et le Piémont, constitutionnels tous deux, qu’entre celui-ci et la France impériale ; et c’est encore un lieu commun que, si l’Autriche consentait moyennant indemnité à rendre Venise, la plus tendre amitié unirait les cours de Vienne et de Turin. Peut-être M. Guéroult entend-il par