Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/227

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque part, ce n’est pas chez moi, qui, dans ma brochure sur l’unité italienne, me suis abstenu de formuler aucune requête ni pour ni contre l’Église ; c’est plutôt dans le Siècle, qui tantôt fait acte de piété chrétienne et vote des honneurs à l’Église, tantôt provoque la destitution du Pontife-Roi. Ce qui serait logique de la part du Siècle, ce serait qu’à la place d’une mesure de spoliation il proposât une loi de justice qui, séparant la société de toute religion, satisfît mieux que l’Évangile lui-même aux besoins moraux des peuples ; qui, organisant l’enseignement supérieur, non plus seulement pour cent vingt-sept mille quatre cent soixante-quatorze sujets privilégiés, mais pour une masse de sept millions et demi d’enfants de l’un et de l’autre sexe, détruisît enfin tous les foyers d’ignorance et déracinât le préjugé. Ce qui serait logique de la part du Siècle, ce serait de demander en conséquence l’abolition du concordat, la suppression du budget ecclésiastique, le renvoi du Sénat des cardinaux, la reprise des propriétés données à l’Église sous un ordre d’idées qui désormais n’existerait plus. Alors le Siècle pourrait se moquer de mes démonstrations antichrétiennes ; il aurait sur moi l’avantage de la théorie et de la pratique ; et on le croirait animé du véritable souffle révolutionnaire. Ayez donc le courage, Messieurs du Siècle, je ne dis pas de votre impiété, mais de votre rationnalisme, si tant est que dans votre polémique contre la Papauté il y ait rien de rationnel. Hors de là, n’espérez pas me rallier à votre intrigue piémontaise : car autant je place le droit de la Révolution et la pure morale de l’humanité au-dessus de l’Église, autant et mille fois plus bas au-dessous de la foi du Christ je vous place vous--