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Des décorations ont été distribuées à des journalistes français par le gouvernement du Piémont, en reconnaissance de leurs articles sur l’unité italienne ;


Parmi ceux qui les ont reçues, les uns, franchement ralliés au principe monarchique, ne font nulle difficulté de s’en parer ; les autres, démocrates ou considérés comme tels, y mettent plus de façon et s’en privent ;


Mais, opinion politique à part, tous sont d’accord qu’une récompense honorifique décernée à des journalistes à raison de leurs publications, même par un gouvernement étranger, n’a rien d’incompatible avec les devoirs de leur profession.


Or, telle est précisément l’opinion que je viens ici combattre.


D’une part, la vérité est absolue ; elle ne souffre ni augmentation ni diminution. Telle elle nous apparaît, telle nous la devons exprimer : Est, est ; non, non ; telle nos semblables ont le droit de l’exiger de nous. La vérité gazée, amendée ou illustrée, est un mensonge. — D’autre part, la pratique de la vérité est difficile, aussi difficile que celle de la justice : c’est pourquoi l’homme qui s’est donné pour mission de dire et publier la vérité, doit offrir, pour gage de véracité, le désintéressement le plus parfait, l’indépendance la plus absolue. Telle est la vérité, tel doit être son représentant, aussi incorruptibles l’un que l’autre.


En principe donc, un journaliste ne peut recevoir de qui