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tithèse des deux puissances, italienne et française, subsiste menaçante, inconciliable ; l’Italie se tord dans la guerre civile et l’anarchie, la France est en proie à l’angoisse d’un péril immense.


Déjà il est question d’un retour au statu quo, c’est-à-dire à une division de l’Italie en quatre ou cinq États indépendants, comme avant la guerre de 1859. Si cette solution est adoptée, elle sera l’œuvre de la diplomatie ; elle aura probablement pour conséquence la restauration des princes déchus ; les formes constitutionnelles, les garanties promises seront conservées : mais le démenti aura été donné à la Démocratie, et par elle indirectement à la Révolution. La cause du peuple, je veux dire de cette plèbe ouvrière des villes et des campagnes qui doit désormais fixer toute l’attention des vrais révolutionnaires, aura été sacrifiée par le soi-disant parti de l’action à des spéculations personnelles aussi ambitieuses que chimériques, et la véritable question pour longtemps ajournée.


Des chauvins, que la perspective d’une France amoindrie agite jusqu’à la terreur, voudraient qu’on en finît par un coup de tonnerre, et que l’Empereur des Français, reprenant hardiment la politique de son oncle, confiant dans la sympathie des masses et jouant quitte ou double, déclarât l’Empire français rétabli dans les limites de 1804, et par un seul et même acte incorporât à la France, au nord la Belgique et tout le Rhin, au midi la Lombardie et le Piémont. On offrirait à Victor-Emmanuel le trône de Constantinople. Hors de là, disent-ils, tout ne sera jamais que palliatif. La