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à son désintéressement, un témoignage qui a été cité avec satisfaction par quelques-uns de mes adversaires. Mais, cet hommage sincère rendu à l’homme, puis-je faire autrement que de condamner l’agitateur ? Puis-je prendre au sérieux Garibaldi criant Vive Victor-Emmanuel et travaillant à le démolir ; affirmant l’unité et se disant démocrate, républicain même, ce qui veut dire apparemment homme de tous les droits et de toutes les libertés ; accusant le ministre Rattazzi de trahir l’unité, et lui reprochant son municipalisme comme trop centralisateur ? Garibaldi, aussi prompt à saisir la dictature qu’à s’en démettre ; ayant en lui du César et du Washington ; cœur excellent, dévoué, mais indisciplinable et que semble gouverner un malheureux génie, se doute-t-il seulement de ce que c’est que monarchie et république, unité et décentralisation ? S’est-il jamais aperçu qu’entre démocratie et empire il n’y a pas l’épaisseur d’une feuille de papier ? Que faisait-il, le 3 février 1852, à Santos-Lugares, où, à la tête de 900 Italiens, il décida la victoire en faveur d’Urquiza, chef des révoltés de la Plata, soi-disant armé pour la confédération des républiques du Sud et tôt après dictateur, contre Rosas, chef ou dictateur de la république Argentine, qui portait aussi de son côté le drapeau de la confédération ? Était-ce pour un principe, ou seulement contre une tyrannie que se battait Garibaldi ? De quel côté était l’unité, suivant lui, à Buénos-Ayres ? de quel côté la fédération ? Pourquoi lui Garibaldi s’immisçait-il dans cette querelle ? Et à Rome, où, en 1849, il se signala par ses prouesses contre l’armée française, était-il pour la fédération ou pour l’unité ? Était-il avec Cernuschi le fédéraliste, ou avec Mazzini l’unitaire ?