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et pour une pareille fin, ne s’était jamais vue. Tout le monde fut surpris ; beaucoup se montrèrent incrédules ; ce fut l’origine des méfiances que l’Empereur souleva contre la France et contre lui. De maladroits serviteurs ayant parlé du trône de Naples pour le prince Murat, du duché de Toscane pour le prince Napoléon, le patriotisme italien fut mis en éveil : partout l’opinion, habilement excitée, se montra contraire aux prétendants français. Le gouvernement impérial, s’il m’en souvient, se déclara étranger à ces candidatures : si bien que la campagne d’Italie, glorieuse pour nos armes, mais dangereuse pour notre puissance, s’il était vrai qu’elle dût avoir pour conclusion la formation d’une monarchie de vingt-six millions d’âmes, semblait, par l’impulsion donnée aux esprits, devoir finir pour nous comme une mystification.


Restait cependant à régler le sort de l’Italie. Le vainqueur de Solferino, à l’arbitrage duquel allait être soumise la nouvelle constitution de la Péninsule, avait à se prononcer entre un grand État militaire et une Confédération. Gratifié d’une petite augmentation de territoire en Savoie et à Nice, après s’être déclaré désintéressé, il n’avait pas d’autre alternative, et le monde avait les yeux sur lui. Un empire ? Sans parler de l’incompatibilité entre une création de cette nature et les idées napoléoniennes, la dignité de la France après un pareil service ; le soin de sa sûreté dans les conditions actuelles de l’Europe, ne le permettaient pas. Une confédération ? Mais, dans la situation des affaires, donner à l’Italie une constitution fédérale c’était à un autre point de vue porter atteinte à l’empire, en provoquant l’essor d’un