Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/179

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le foyer de la civilisation semble fixé chez l’un, demain chez l’autre, il est raisonnable et ce n’est que prévoyance de se demander ce qui pourrait advenir pour la France, pour l’Italie et pour l’Europe entière, d’un événement aussi considérable que la constitution du nouveau royaume.


La France, à l’heure où j’écris, est une nation fatiguée, incertaine de ses principes, et qui semble douter de son étoile. L’Italie, au contraire, tirée de son long engourdissement, paraît avoir toute l’inspiration et la fougue de la jeunesse. La première aspire au repos, aux pacifiques réformes, à l’épuration de ses mœurs, au rafraîchissement de son génie et de son sang ; la seconde ne demande qu’à marcher, n’importe à quelles conditions, n’importe sous quel système. Qu’il lui naisse quelques hommes, un Richelieu, un Colbert, un Condé : en moins d’une génération elle devient, comme État fédératif, la plus riche et la plus heureuse des républiques ; comme État unitaire, elle prend place parmi les grands empires, et son influence peut devenir, mais aux dépens de sa félicité intérieure, formidable en Europe. De ces deux destinées, si différentes l’une de l’autre, la première assurée si on l’avait voulue, la seconde pleine de périls, la Démocratie n’a compris que la dernière. Plus avide de gloire politique et d’action gouvernementale que de bien-être pour les masses, elle annonce formellement le dessein d’user de la centralisation italienne, si elle parvient à la constituer, envers et contre tous.


Plaçons-nous en face d’une carte de l’Europe. L’Italie