Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Granvelle, Ximenès, Richelieu, Frayssinous ; sénateur, comme MM. Gousset, Morlot, Mathieu ; représentant, académicien, comme l’abbé Lacordaire, et vous vous étonnez que dans un pays de religion et de sacerdoce, dans cette Italie pontificale, où la théocratie est de quinze siècles plus ancienne que Jésus-Christ, un évêque, le chef des évêques catholiques, soit en même temps prince d’un petit État de quatre millions de fidèles ! Commencez donc par abolir votre Concordat ; commencez par exclure le prêtre, que dis-je ? tout individu faisant profession de christianisme, du mandat électoral et des fonctions politiques ; commencez par proscrire, si vous l’osez, la religion et l’Église, et vous pourrez être admis à demander, pour cause d’incompatibilité, la destitution du Saint-Père. Car, je vous en préviens : pour peu que le clergé le veuille, pour peu qu’il lui plaise appuyer ses candidatures de quelques démonstrations de réforme et de progrès, en peu d’années il est sûr obtenir au scrutin populaire plus de nominations que la démocratie et le gouvernement réunis. Que dis-je ? C’est lui-même qui deviendra l’organe de la démocratie. Et prenez garde, si vous lui ôtez le Pape à Rome, qu’il ne vous le rende à Paris. Le suffrage universel opère de ces miracles.


On allègue le précepte ou conseil évangélique de la séparation des pouvoirs. Ceci est affaire de théologie, qui regarde exclusivement le clergé et ne relève pas du Droit public. Je m’étonne que des hommes qui se disent élevés dans les principes de 89, des orateurs de la Révolution, se soient jetés dans une semblable controverse. La loi, dans