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devînt une fédération de républiques, on a préféré renvoyer chez lui l’émancipateur de l’Italie ; de ménager dans une puissance rivale, l’Angleterre, un autre allié ; laisser Venise sous le joug de l’Autriche ; offenser par la guerre au Saint-Siége le monde catholique, sauf à accuser ensuite d’inconséquence, de dépit rentré, d’ambition déçue, l’Empereur des Français. Voilà l’origine du traité de Villafranca. Ceux qui le provoquèrent ont-ils fait preuve d’intelligence, et leur tactique a-t-elle été opportune ?...


Toutefois, en signant le traité de Villafranca, et en stipulant une confédération des États italiens, Napoléon III offrait encore sa garantie ; il imposait à l’Autriche sa médiation victorieuse. C’était le cas pour la démocratie de reconnaître la faute commise, faute qui pouvait n’être pas irréparable. Mais la présomption des tribuns reste sourde aux avertissements. Mazzini, qui d’abord s’était tenu à l’écart, prend sur lui de refuser au nom du parti populaire. Il exhorte Victor-Emmanuel à s’emparer de l’Italie ; il lui offre à ce prix son concours : Osez, Sire, lui écrit-il, et Mazzini est à vous !… Pouvait-on mieux faire entendre que, pourvu qu’on lui donne l’unité, essence de monarchie, la soi-disant Démocratie est satisfaite ; que l’unité lui tient lieu de principe, de doctrine, de Droit et de morale ; qu’elle est toute sa politique ? Ainsi c’est toujours la république, toujours la liberté qu’on élimine, au profit de la maison de Savoie et en échange d’un système bourgeois. Et sous quel prétexte ? Sous le prétexte que tant que l’Italie n’aura pas été unifiée, elle sera incapable de subsister, exposée à l’incursion du Gaulois et du Germain.