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mouvement, mais à condition de tenir compte de la qualité des forces et d’en respecter les lois.


Lors donc qu’à propos de l’unité italienne j’ai fait appel à la géographie et à l’histoire, ce n’était pas pour faire de certains accidents de la fatalité une chicane ; c’est un tout organisé, c’est l’Italie en personne, dans son corps, son âme, son esprit, sa vie, l’Italie dans toute son existence que j’avais en vue, et qui, créée selon moi pour la fédération, comme l’oiseau pour l’air et le poisson pour l’onde, protestait dans ma pensée contre le projet de la centraliser.


L’Italie, ai-je voulu dire, est fédérale par la constitution de son territoire elle l’est par la diversité de ses habitants ; elle l’est par son génie ; elle l’est par ses mœurs ; elle l’est encore par son histoire ; elle est fédérale dans tout son être et de toute éternité. Vous parlez de nationalité : mais la nationalité en Italie, comme en Suisse, est la même chose que la fédération ; c’est par la fédération que la nationalité italienne se pose, s’affirme, s’assure ; par la fédération que vous la rendrez autant de fois libre qu’elle formera d’États indépendants ; tandis qu’avec l’unité vous allez précisément créer pour elle un fatalisme qui l’étouffera.


Pourquoi donc, encore une fois, cette unité factice, qui n’a de racines que dans la fantaisie jacobinique et l’ambition piémontaise, et dont le premier et déplorable effet a été d’accrocher depuis quatre ans la pensée des Italiens à