Page:Proudhon - Du Principe fédératif.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Remarquez d’abord que ces démocrates, champions par excellence du gouvernement unitaire, et que vous seriez peut-être tenté, ami lecteur, de prendre pour des capacités politiques, disent ou insinuent à qui veut les écouter, que le royaume d’Italie ne fut jamais de leur part qu’une tactique ; qu’il s’agit avant tout d’arracher, par un effort national, l’Italie aux mains de l’Autriche, du Pape, du roi de Naples, des ducs de Toscane, de Modène et de Parme ; qu’à cette fin il était indispensable de rallier les Italiens sous le drapeau monarchique de Victor-Emmanuel ; mais que, les étrangers expulsés, l’indépendance de la nation assurée, l’unité consommée, on se fût presto débarrassé du roi galant-homme, et l’on aurait proclamé la république. Voilà le fond de la chose, s’il faut en croire mes antagonistes : mon crime, à moi, est d’être venu déjouer, par le cri intempestif de Fédération ! un si beau plan.


Ainsi, entendons-nous c’est encore moins à mon fédéralisme qu’on en veut qu’à la perfide inopportunité de ma critique. On est avant tout démocrate, on est républicain : à Dieu ne plaise que l’on blasphème jamais ce nom sacré de république ! À Dieu ne plaise que l’on ait songé sérieusement à embrasser la cause des rois ! Mais cette république, on la voulait unitaire ; on était sûr d’y arriver par l’unité ; on nie qu’elle fût réalisable autrement. Et c’est moi qui, en joignant ma voix à celles de la réaction, ai rendu la république impossible !


Mais, si tel est le dire des honorables citoyens, la ques-