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aussi fort que le nôtre, consistait à reconnaître son erreur, même après un échec, et auraient insisté pour la retraite. Mais la république, comme l’entendent nos démocrates, a horreur du fédéralisme, chatouilleuse surtout sur le point d’honneur.


La démocratie, en effet, est essentiellement militariste ; sans elle ce serait fait de la politique prétorienne. Ses orateurs et ses écrivains peuvent se comparer aux grognards du premier Empire, toujours critiquant les entreprises du grand homme, au fond dévoués corps et âme à ses desseins, toujours prêts à le défendre, du bras, de la pensée et du cœur. En vain leur représentez-vous que les armées permanentes ne sont plus pour les peuples que des instruments d’oppression et des sujets de méfiance ; en vain leur faites-vous voir, par raisons et par chiffres, que les conquêtes ne servent pour la fortune des nations absolument de rien, que les annexions coûtent plus qu’elles ne rapportent ; en vain leur prouvez-vous que le droit de la guerre lui-même, le droit de la force, s’il était appliqué dans sa vérité, conclurait à la cessation de la guerre et à un tout autre emploi de la force. Ils n’entendent pas de cette oreille : Napoléon Ier, disent-ils, fut l’épée de la Révolution. Or l’épée a aussi son mandat révolutionnaire, qui est loin d’être rempli !


La démocratie a donné les mains au libre-échange, dont la brusque application, si l’on en faisait le décompte, équivaudrait à l’une de ces glorieuses campagnes du premier Empire que couronnait invariablement un nouvel appel d’hommes et d’argent. Ainsi, avec toutes nos crâneries,