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La Démocratie a d’abord refusé de prêter serment à l’Empereur : pourquoi ? Puis elle a prêté serment, traitant même de mauvais citoyens ceux qui refusaient de le faire : pourquoi encore ? Comment ce qui était une honte en 1852 est-il devenu un devoir, un acte de salut public, en 1857 ?


La Démocratie s’est ralliée au mouvement industriel qui s’est opéré, en sens inverse de la réforme économique, à la suite du coup d’État. Avec le zèle le plus édifiant, elle s’est engagée dans cette féodalité financière, dont le socialisme avait annoncé vingt ans d’avance l’invasion. Pas un mot n’a été prononcé par elle contre la fusion des Compagnies de chemins de fer : c’eût été une atteinte à l’unité de la république ! Elle a obtenu sa part des subventions, elle a escompté sa part d’actions ; quand les scandales de la Bourse furent dénoncés par le socialisme, qui le premier, au témoignage de M. Oscar de Vallée, arbora en cette circonstance le drapeau de la morale publique, elle déclara que ces ennemis de l’agiotage étaient des ennemis du progrès. Qui s’est chargé de défendre, en haine du socialisme, la morale malthusienne, produite en pleine Académie ? Qui a pris sous son patronage, et la littérature efféminée, et le dévergondage romantique, et toute la bohème littéraire ? si ce n’est cette démocratie rétrograde dédaignée par le coup d’État ?


La Démocratie a applaudi à l’expédition de Crimée : c’était naturel. Je n’entends pas faire ici le procès à la politique impériale, placée hors des atteintes de ma critique. Le gouvernement de l’Empereur a fait, en 1854 et 1855,