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gestes ? C’est ce qu’il n’est pas inutile en ce moment de rappeler.


La démocratie, par la manière dont elle a jugé le coup d’État, lui a donné son assentiment. Si l’entreprise du Président de la République fut un bien, elle peut revendiquer sa part de l’honneur ; si ce fut un mal qu’elle prenne aussi sa part de responsabilité. Quel fut le prétexte du coup d’État, et contre qui fut-il surtout dirigé ? Les raisons qui appuyèrent le coup d’État devant l’opinion et qui assurèrent trois ans d’avance son succès, furent : le danger que faisaient courir à la société les théories nouvelles et la guerre sociale dont elles menaçaient le pays. Or, qui a plus accusé le socialisme que la démocratie ? Qui lui a fait une chasse plus atroce ? Qui le poursuit, aujourd’hui encore, avec plus d’acharnement ? À défaut de Louis-Napoléon ou du prince de Joinville, candidat désigné à la Présidence pour les élections de 1852, le coup d’État contre la démocratie socialiste eût été fait par la démocratie non-socialiste, en autres termes par la république unitaire, laquelle n’est autre, comme nous l’avons fait voir, qu’une monarchie constitutionnelle déguisée. Les journaux de cette soi-disant république ont si bien manœuvré depuis dix ans, que bon nombre d’ouvriers, qui en 1848 prenaient part à toutes les manifestations socialistes, en sont venus à dire, à l’exemple de leurs patrons : Sans le socialisme, nous aurions conservé la république !… Et quelle serait-elle cette république, insensés que vous êtes, ingrats ? Une république d’exploiteurs ! Vraiment, vous n’en méritez pas d’autre, et vous êtes dignes de lui servir de marguilliers.