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vention. Démenti officiel aux idées unitaires de Syeyès, mais qui allait soulever de terribles débats et amener de sanglantes proscriptions. Comme il l’avait été à Versailles après l’ouverture des États-Généraux, le fédéralisme fut vaincu pour la seconde fois à Paris dans la journée du 31 mai 1793. Depuis cette date néfaste tout vestige de fédéralisme a disparu du droit public des Français ; l’idée même est devenue suspecte, synonyme de contre-révolution, j’ai presque dit de trahison. La notion s’est effacée des intelligences : on ne sait plus en France ce que signifie le mot de fédération, qu’on pourrait croire emprunté au vocabulaire sanscrit.


Les Girondins eurent-ils tort de vouloir, en vertu de leur mandat conventionnel, appeler à la décision des départements de la république une et indivisible des Jacobins ? Admettant qu’ils eussent raison en théorie, leur politique était-elle opportune ? Sans doute l’omnipotence de la nouvelle assemblée, élue dans un esprit essentiellement anti-unitaire, la dictature du comité de salut public, le triumvirat de Robespierre, Saint-Just et Couthon, la puissance tribunitienne de Marat et d’Hébert, la judicature du tribunal révolutionnaire, tout cela n’était guère tolérable, et justifiait de reste l’insurrection des soixante-douze départements contre la commune de Paris. Mais les Girondins, incapables de définir leur propre pensée et de formuler un autre système, incapables de porter le poids des affaires publiques et de faire face au danger de la patrie qu’ils avaient si bien dénoncé, n’étaient-ils pas coupables d’une excitation maladroite, et d’une haute imprudence ?…