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Par cela seul on comprend l’énorme différence qui existe entre une autorité fédérale et un gouvernement unitaire, autrement dit, un gouvernement ne représentant qu’une seule souveraineté.


La définition de M. Chaudey est de la plus parfaite exactitude ; et ce qu’il nomme idéal, n’est autre que la formule donnée par la plus rigoureuse théorie. Dans la fédération, la centralisation est limitée à certains objets spéciaux détachés des souverainetés cantonales et qui sont censés devoir y rentrer, elle est partielle ; dans le gouvernement unitaire, au contraire, la centralisation s’étend à tout et ne rend jamais rien, elle est universelle. La conséquence est aisée à prévoir :


La centralisation, poursuit M. Chaudey, dans le gouvernement unitaire, est une force immense à la disposition du pouvoir, et dont l’emploi, dans un sens ou dans un autre, dépend uniquement des diverses volontés personnelles qui expriment le pouvoir. Changez les conditions de ce pouvoir, vous changez les conditions de la centralisation. Libérale aujourd’hui avec un gouvernement libéral, elle deviendra demain un instrument formidable d’usurpation pour un pouvoir usurpateur, et après l’usurpation, un instrument formidable de despotisme ; sans compter que par cela même elle est une tentation perpétuelle pour le pouvoir, une menace perpétuelle pour les libertés des citoyens. Sous le coup d’une force pareille, il n’y a point de droits individuels ou collectifs qui soient sûrs d’un lendemain. Dans ces conditions, la centralisation pourrait s’appeler le désarmement d’une nation au profit de son gouvernement, et la liberté est condamnée à une lutte incessante contre la force.


C’est le contraire qui a lieu pour la centralisation fédérale. Au lieu d’armer le pouvoir de la force du tout contre la partie, c’est la partie qu’elle arme de la force du tout contre les abus de son