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R. — La femme vraiment libre est la femme chaste. Est chaste celle qui n’éprouve d’émotion amoureuse pour personne, pas même pour son mari. Pourquoi la jeune vierge paraît-elle si belle, si désirable, si digne ? C’est qu’elle est l’image vivante de la liberté.

D. — Quelle part faire à l’amour en contractant mariage ?

R. — La plus petite possible. Lorsque deux personnes se présentent au mariage, l’amour est censé chez elles avoir accompli son œuvre ; la crise est passée, l’orage s’est dissipé, la passion a fui, hyems transiit, imber abiit, comme dit le Cantique des cantiques. C’est pour cela que le mariage de pure inclination est si près de la honte, et que le père qui y donne son consentement mérite le blâme. Le devoir du père de famille est d’établir ses enfants dans l’honorabilité et la Justice ; c’est la récompense de ses travaux et la joie de ses vieux ans de donner sa fille, de choisir à son fils une femme de sa propre main. Que les jeunes gens s’épousent sans répugnance, à la bonne heure ; mais que les pères ne laissent pas violer en leur personne la dignité familiale, et qu’ils se souviennent que la génération charnelle n’est que la moitié de la paternité. Quand un fils, une fille, pour satisfaire son inclination, foule aux pieds le vœu de son père, l’exhérédation est pour celui-ci le premier des droits et le plus saint des devoirs.

Q. — À quel âge au plus tôt convient-il de se marier ?

R. — Quand l’homme est fait, le travailleur formé ; quand les idées commencent à venir et la Justice à subalterniser l’idéal : ce que l’on peut exprimer, à l’exemple du code, par un minimum arithmétique :

« L’homme avant vingt-six ans révolus, la femme avant vingt-un ans révolus, ne peuvent contracter mariage. »

D. — Quelle peut-être en moyenne, entre deux époux, la période d’intimité ?

R. — Tant que les enfants sont en bas âge, l’homme doit à la femme un tribut de caresses : la nature l’a ainsi voulu, dans l’intérêt même de la progéniture. L’enfant profite de tout l’amour que le père témoigne à la mère : n’en demandons pas davantage. Quand les aînés atteignent la puberté, alors,