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stitue pour l’homme la possibilité du savoir ; c’est à ce principe qu’est due notre certitude : tout ce que nous possédons de science positive nous vient de lui, et rien de ce qui a été une fois assuré par lui ne peut être renversé. Pourquoi le même principe ne ferait-il pas aussi la possibilité de l’être ? Dieu lui-même, Dieu, conçu comme pensée supérieure et immanente des mondes, expression de leur harmonie, Dieu redevient subjectivement possible avec cette métaphysique : tremblez que ce ne soit son vice d’origine…

D. — Tous les membres d’une société sont-ils appelés au mariage ?

R. — Non ; mais tous y participent et en reçoivent l’influence, par la filiation, la consanguinité, l’adoption, l’amour, qui, universel par essence, n’a pas besoin, pour agir, de cohabitation.

D. — D’après cela, vous ne jugez pas le mariage indispensable au bonheur ?

R. — Il faut distinguer : Au point de vue animique ou spirituel, le mariage est pour chacun de nous une condition de félicité ; les noces mystiques que célèbre la religieuse en sont un exemple. Tout adulte, sain de corps et d’esprit, que la solitude ou l’abstraction n’a pas séquestré du reste des vivants, aime, et, en vertu de cet amour, se fait un mariage dans son cœur. Physiquement, cette nécessité n’est plus vraie : la Justice, qui est la fin du mariage et que l’on peut obtenir, soit par l’initiation domestique, soit par la communion civique, soit enfin par l’amour mystique, suffisant au bonheur dans toutes les conditions d’âge et de fortune.

D. —Quel est, dans l’économie domestique et sociale, le rôle de la femme ?

R. — Le soin du ménage, l’éducation de l’enfance, l’instruction des jeunes filles sous la surveillance des magistrats, le service de la charité publique ; nous n’oserions ajouter aujourd’hui les fêtes nationales et les spectacles, qu’on pourrait définir les semailles de l’amour. L’immoralité aristocratique et le préjugé religieux ont de tout temps fait de la femme qui remplit un ministère dans les réjouissances et les solennités