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nir le mieux, est d’éviter le pire : en même temps que l’on écarte le divorce, dont la tendance serait de faire déchoir le mariage en le rapprochant du concubinage, il convient, dans l’intérêt des femmes, des enfants naturels et des mœurs publiques, d’imposer au concubinat certaines obligations qui le relèvent et le poussent à l’union légitime. L’antiquité tout entière admit ces principes ; l’empereur Auguste créa au concubinat un état légal ; le christianisme le toléra longtemps, et n’a même jamais su le distinguer du mariage. Devraient en conséquence être par la loi déclarés concubinaires tous ceux et celles qui, hors les cas d’adultère, inceste, fornication et prostitution, entretiennent un commerce d’amour, qu’il y eût d’ailleurs ou qu’il n’y eût pas entre eux domicile commun. Tout enfant né en concubinage porterait de droit le nom de son père, suivant la maxime Pater est quem concubinatus demonstrat. Le père concubin, de même que le père marié, serait en outre tenu de pourvoir à la subsistance et à l’éducation de sa progéniture. La concubine délaissée aurait droit aussi à une indemnité, à moins qu’elle n’eût la première convolé en un autre concubinage.

D. — Quelles sont les formes du mariage ?

R. — Elles se réduisent à deux : les annonces ou publications ; la célébration. Dans celle-ci interviennent, au premier rang la société, en la personne du magistrat et des témoins ; en seconde ligne, les familles des époux, en la personne des parents.

D. — Que signifient ces formalités ?

R. — Le mariage, avons-nous dit, est institué pour la sanctification de l’amour : c’est un pacte de chasteté, de charité et de justice, par lequel les époux se déclarent publiquement affranchis, l’un et l’autre et l’un par l’autre, des tribulations de la chair et des soins de la galanterie, en conséquence sacrés à tous et inviolables. Voilà pourquoi, en dehors des stipulations d’intérêt qui requièrent également publicité, la famille et la cité paraissent dans la cérémonie : l’engagement des époux, fait en vue de la Justice, porte plus loin que leurs personnes ; leur conscience conjugale devient partie de la con-