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même entre époux, la familiarité a ses limites. Plus, dans la famille, les mœurs seront chastes, l’affection sincère, l’habitude des personnes prolongée, plus l’idée d’amour entre le frère et la sœur y paraîtra horrible ; et l’on peut poser en aphorisme que les races incestueuses sont des races d’iniquité.

L’Église a étendu l’empêchement de consanguinité jusqu’aux oncles et nièces, neveux et tantes, cousins et cousines : je crois qu’on peut s’en tenir à la limite posée par le Code, pourvu qu’on n’oublie pas cependant que la nature a sanctionné la loi qui défend de pareilles unions, en frappant souvent de plaies incurables ceux qui la violent. Tout le monde sait que l’extinction des familles nobles et princières a eu pour première cause l’orgueil de race, qui rendait les croisements difficiles ; et je tiens du savant professeur de l’Institution des sourds-muets de Paris, M. Rémy Valade, que la principale cause de surdité chez les enfants est due à la consanguinité de leurs auteurs.

Le croisement des familles et des races, telle est donc, selon les prévisions de la nature et la genèse de la Justice, l’origine première de la Cité, la véritable base du contrat social. Par la cité, l’organisme juridique acquiert son dernier développement, ce qu’indique le troisième terme de la devise républicaine, Fraternité. Le couple conjugal, la famille, la cité, forment ainsi trois degrés de juridiction : le premier servant de principe et de soutien aux deux autres ; le troisième, par sa raison générale affranchie de tout individualisme, et par sa force de collectivité supérieure à la totalité des actions individuelles, donnant au mariage et à la famille la garantie de respect, de travail et de subsistance qu’ils exigent.

Considéré dans sa matérialité, le système social repose tout entier sur la distinction des sexes : par là l’Éthique fait suite à l’Histoire naturelle ; le règne social continue