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celle-ci est l’auxiliaire, l’épouse…. Les descriptions poétiques, passionnées et amoureuses, ne vont point à ma plume : qu’on me permette de m’en tenir à la symbolique chrétienne, qui est après tout ce que je connais de mieux sur cette question délicate.

La femme est l’auxiliaire de l’homme, d’abord dans le travail, par ses soins, sa douce société, sa charité vigilante. C’est elle qui essuie son front inondé de sueur, qui repose sur ses genoux sa tête fatiguée, qui apaise la fièvre de son sang et verse le baume sur ses blessures. Auxilium christianorum, Salus infirmorum. Elle est sa sœur de charité. Oh ! qu’elle le regarde seulement, qu’elle assaisonne de sa tendresse le pain qu’elle lui apporte : il sera fort comme deux, il travaillera pour quatre. Il ne souffrira pas qu’elle se déchire à ces ronces, qu’elle se souille dans cette boue, qu’elle s’essouffle, qu’elle sue. Honte et malheur à lui, s’il faisait labourer sa femme ! Plus savante que les philosophes, la nature n’a pas formé le couple travailleur de deux êtres égaux ; elle a prévu qu’une paire de compagnons ne feraient rien, ils s’amuseraient. Si peu que sa femme l’appuie, le travailleur vaut comme deux : c’est un fait dont chacun peut se convaincre, que, de toutes les combinaisons d’atelier, celle qui donne la plus grande somme de travail proportionnellement aux frais est le ménage.

Auxiliaire du côté de l’esprit, par sa réserve, sa simplicité, sa prudence, par la vivacité et le charme de ses intuitions. La femme n’a que faire de penser elle-même : se figure-t-on une savante cherchant dans le ciel les planètes perdues, calculant l’âge des montagnes, discutant des points de droit et de procédure ? La nature, qui ne crée pas de doubles emplois, a donné un autre rôle à la femme : c’est par elle, c’est par la grâce de sa divine parole, que l’homme donne la vie et la réalité à ses idées