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XXXV

5. Destination de la femme.

Le problème paraît donc insoluble : Qui rachètera la femme, si elle ne se peut racheter par l’idéal ? Et si la femme n’est rachetée, si elle doit rester serve, que devient l’homme et la société ? Le pacte conjugal déclaré impossible, la Justice reste sans organe ; elle retombée l’état de simple notion ; toute moralité, toute liberté expire ; la création est absurde. Femme, tu ne peux être ni mon associée ni mon épouse, et je ne te veux pas pour courtisane. Eh bien ! malédiction sur la nature, et que le monde finisse : je t’écrase…

Encore un effort, et la vérité nous apparaîtra peut-être. Ce problème désespéré ne serait-il pas résolu précisément par ce que nous venons de dire, et dont le langage humain, forcément analytique, nous déguise le sens ? Condensons nos idées, et tâchons d’en dégager la formule.

La poésie primitive eut pour caractère particulier de personnifier les facultés humaines ; ce fut l’origine de la mythologie :

Minerve est la sagesse, et Vénus la beauté.
Ce n’est plus la vapeur qui forme le tonnerre ;
C’est Jupiter armé pour effrayer la terre…

Or, ce que la poésie rêve, la nature le réalise : qu’est-ce que la femme ?

La femme est la conscience de l’homme personnifiée. C’est l’incarnation de sa jeunesse, de sa raison et de sa Justice, de ce qu’il y a en lui de plus pur, de plus intime, de plus sublime, et dont l’image vivante, parlante et agissante lui est offerte, pour le reconforter, le conseiller, l’aimer sans fin et sans mesure. Elle naquit de ce triple rayon qui, partant du visage, du cerveau et du