Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/447

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si cette réalité ne devait avoir d’autre gage que ce mot vague de conscience, par lequel nous en avons désigné la fonction dans une précédente Étude. C’est donc très-sérieusement, selon moi, qu’après avoir déterminé spéculativement, dans ses termes principaux, la Justice comme loi ou rapport, et en avoir constaté le néant dans les systèmes religieux, nous devons en chercher encore la condition physiologique ou fonctionnelle, puisque sans cela elle reste pour nous comme un mythe, une hypothèse de notre sociabilité, un commandement étranger à notre âme, au fond, un principe d’immoralité. N’est-ce pas, d’ailleurs, sous l’impression de ce sentiment que les premiers civilisés d’entre les humains, en qui la Justice parlait si haut, parce qu’elle était toute jeune, mais aux regards desquels elle ne se manifestait par aucun signe, la personnifièrent en un sujet invisible qu’ils nommèrent Dieu ? Sans plus d’hésitation, mettons-nous donc à l’œuvre, et cherchons ce que peut être en nous cet organe de la Justice.

XXXI

3. Que l’organe de la Justice est l’androgyne, ou le couple conjugal.

Lorsqu’à l’occasion du libre arbitre, après avoir constaté que toute fonction ou faculté suppose, à peine de néant, un organe, nous nous sommes demandé : Quel est l’organe de la liberté ? nous avons répondu que c’était tout l’homme, et nous avons motivé notre réponse sur cette considération, que, la liberté embrassant dans son domaine la totalité des facultés, elle ne pouvait avoir pour organe que la totalité même de l’organisme. D’où la définition que nous avons donnée de l’homme, Une Liberté organisée. Continuons sur cet errement.

Si la liberté embrasse, dans son exercice, la totalité du sujet humain, la Justice à son tour exige plus que cette