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primée, crée des impossibilités sans nombre, et pour l’ordre social établi sur la famille, et pour la conservation de l’espèce, et pour la bonne intelligence des deux sexes, et pour la femme, et pour l’amour même ; impossibilités qui, réagissant sur l’esprit de l’auteur, rendent à chaque instant sa narration absurde. Ces considérations ne regardent point Mme Sand : elle est artiste, et l’artiste, suivant l’esthétique de la femme libre, suit son idée, sans s’occuper de la réalité et de la raison des choses. Artiste et émancipée, Mme Sand suit donc son idée, qui la conduit à l’impudicité la plus effrénée.

Les romans de Mme Sand abondent en en combinaisons et en peintures dignes du célèbre M. de Sade, sauf les mots, qui, chez la première, sont à peu près toujours honnêtes. Dans Valentine, l’action se passe entre les gens que voici : une mère qui, selon l’expression vulgaire, a rôti le balai ; sa fille Valentine, faisant en l’absence de son mari l’amour avec Bénédict ; le mari de Valentine, qui, aimant ailleurs, ne demande pas mieux que d’être cocu afin de faire chanter sa femme ; la sœur de Valentine, chassée de la maison paternelle pour avoir fait un bâtard, et qui, amoureuse de l’amant de sa sœur, sert, faute de mieux, l’amour des deux jeunes gens ; une confidente, demoiselle de village, promise d’abord à Bénédict, et qui, après avoir de dépit épousé un rustre, suit l’exemple de Valentine et de Bénédict. Il est entendu que les choses sont arrangées, le bon sens, la folie, le vice et la vertu distribués entre les personnages, de telle sorte que les amants aient toujours raison, les maris et les papas semblent ridicules. Pour ajouter à l’émotion, du sang et des morts.

Dans Jacques, autre priapée : une mère, veuve, ayant pratiqué pendant son mariage l’amour libre, et pour la sécurité de cet amour l’infanticide ; sa première fille, adultérine, vouée aussi à l’amour libre ; sa seconde fille, légitime, mariée et faisant, comme sa mère et sa sœur, l’amour libre ; ces deux créatures possédées tour à tour par le même amant, ce qui ne les empêche pas de vivre ensemble ; le mari de la jeune, fils d’un des amants de la mère et frère putatif de l’aînée, qui le prend pour confident de ses amours : scandale, duels,