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manqueront pas de dire : l’amour est trois fois saint, Raphaël un grand cœur, et M. de Lamartine un grand génie.

XXIII

Je voudrais poursuivre cette revue, qui m’intéresse au plus haut point ; mais l’espace me manque, et mon sujet m’appelle ailleurs. Posons seulement des conclusions.

Toutes les fois que dans une littérature le génie, distrait par d’autres travaux, vient à se retirer, et que l’élément féminin prend le dessus, alors paraissent les écrivains de second ordre, écrivains de vulgarisation et de propagande, dont la mission, s’ils savent y rester fidèles, est de porter jusqu’aux dernières couches de la société la révélation du juste et du beau ; mais qui, doués de plus de passion que d’invention, affectant plus de sensibilité que de profondeur, trouvant à la santé moins de charme qu’à la morbidesse, préparent la dissolution littéraire par l’hypertrophie du style, et marquent le point où commence la décadence des peuples.

Deux traits principaux les distinguent : l’impuissance où ils sont d’appliquer leur talent à des œuvres originales ; le penchant aux sujets érotiques.

Tout écrivain aspire naturellement à prendre une initiative, tout poëte veut être créateur ; et comme la création littéraire ne peut être la même à toutes les époques, qu’il y a des intermittences forcées, il arrive que l’homme de lettres, dédaignant le rôle modeste de vulgarisateur, se trouve littéralement sans emploi.

N’est-ce pas un littérateur sans emploi que M. de Lamartine ? Et Victor Hugo, qui, avec une puissance de style supérieure encore, s’en va du moyen âge catholique à l’Orient mahométan, quêtant des sujets pour ses vers, et ne voit pas la Révolution couchée à ses pieds, n’est-ce pas aussi un poëte déshérité ? Et MM. Soumet, de Vigny, La-