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d’honneur, qui l’entraîne. Il ne lui suffit pas d’être chaste, virgo ; il faut qu’elle devienne héroïne, virago : son cœur et son cerveau n’ont pas moins besoin de fécondation que son sein.

Tel est le secret de la femme forte, de l’admiration dont elle a été de tout temps l’objet, et de sa merveilleuse influence.

La femme a-t-elle été élevée dans une famille riche en caractères virils, où le père, les frères, les amis, auront rayonné sur sa jeune âme la force, la raison, la probité : elle aura reçu une première façon, qui réagira ensuite sur le mari, d’autant plus qu’il sera lui-même moins fort. Au contraire, la jeune fille a-t-elle grandi parmi des êtres lâches, stupides et grossiers, elle sera prête à se livrer, et sa passion lui révélant sa misère se doublera pour sa famille de haine et d’ingratitude.

Que de femmes, molles et niaises, ont changé par le mariage du tout au tout ! C’est pour cela que chez les Romains le père de famille était considéré comme engendrant sa propre femme ; parce qu’elle était sa créature, elle devenait son épouse.

Il y a plus : tout ce qui manque naturellement à la femme et qu’elle acquiert dans son union avec l’homme, c’est par l’amour qu’elle le reçoit. Tout ce qu’elle pense est rêve d’amour ; toute sa philosophie, sa religion, sa politique, son économie, son industrie, se résolvent en un mot, Amour.

Vénus Uranie, Vénus terrestre, Vénus marine, Vénus conjugale, Vénus pudique, Vénus vulgivague, Vénus chasseresse, Vénus bergère, Vénus bellatrice ; Vénus-Soleil, Vénus-Lune et Vénus-Étoile, Vénus bachique et Vénus Flore, quelle est la divinité chez les anciens qui ne soit une transformation de l’amour ? Minerve elle-même est-elle autre chose qu’une Vénus industrieuse, et la vierge