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L’aristocratie, pour la femme, est le véritable ordre de la nature, l’ordre social par excellence. L’âge féodal est l’âge de la femme. Dans toutes les révolutions qui ont la liberté et l’égalité pour objet, ce sont les femmes qui résistent le plus : elles ont fait plus de mal à la république de février que toutes les forces conjurées de la réaction virile.

En ce moment même où une propagande se fait pour égaliser la condition des sexes, où l’on parle si haut des droits méconnus de la femme, est-ce vraiment l’égalité qu’on réclame, est-ce à la Justice qu’on fait appel ?

Hélas ! non, et toute cette discussion le démontre.

L’homme est le plus fort, on le reconnaît ; et comme si l’exercice de la force n’entraînait pas nécessairement un droit proportionnel, on n’en tient nul compte, on demande l’égalité.

L’homme est le plus intelligent, on le reconnaît encore ; et comme si l’intelligence, multipliée par la force, ne créait pas pour lui un nouveau droit, on n’en fait pas plus d’état, on réclame l’égalité.

L’homme seul a l’intelligence du droit, on est forcé de l’avouer ; et comme si la philosophie du droit, multipliée par la philosophie de la nature et par le travail, n’était pas la raison pratique de la société, on demande à partager avec l’homme la puissance politique, l’autorité législative et judiciaire, on exige l’égalité.

Dépourvue de génie industriel et administratif, la femme veut diriger l’économie publique ; dépourvue d’esprit philosophique, elle s’ingère de dogmatiser ; dépourvue de sens juridique, elle aspire à s’élever au-dessus du droit : telle est la Justice, la moralité de la femme.

Dans ses rapports quotidiens avec l’homme, c’est beaucoup moins à l’égaler qu’à le dominer qu’elle aspire, se plaignant, pleurant et criant au moindre heurt de la