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divorce ; elle se contente de mettre son mari derrière sa crinoline : Mme Gauthier-Coignet. Tout cela sous prétexte que devant Dieu il n’y a pas de sexes.

Devant Dieu, c’est possible. Nous ignorons, malgré les confidences de Mahomet, comment l’homme et la femme se comportent ensemble dans le paradis, et jusqu’à quel point, en présence du Saint des saints, la sexualité s’évanouit. Ce qui est sûr est qu’ici-bas, l’homme et la femme placés l’un devant l’autre, les sexes se retrouvent ; et comme la Justice a pour objet les choses d’ici-bas, force nous est de faire, selon les règles du droit, le compte des parties.

Devant Dieu, ou, pour parler plus humainement, dans l’ordre moral, l’égalité des sexes, prétendez-vous, n’est plus contestable.

Remarquons d’abord une chose.

La vertu n’entre pas dans le commerce : elle ne peut en conséquence faire l’objet d’une règle de Justice distributive, elle n’est pas matière de droit. Et comme il ne servirait à rien à un individu, pour avoir accès dans une assemblée d’actionnaires, de dire : Je suis honnête homme, s’il n’était au préalable porteur du nombre voulu d’actions, de même il ne sert à rien à la femme, pour entrer dans l’assemblée politique ou balancer dans la famille l’autorité du mari, d’alléguer sa vertu : il faut qu’elle prouve encore sa capacité physique et intellectuelle. Sans cette condition, la requête de l’honnête femme ne peut être accueillie ; si elle insistait, elle cesserait, ipso facto, d’être vertueuse.

Ainsi, quand les chevaliers de l’émancipation féminine invoquent à l’appui de leur cause les vertus et les prérogatives de la femme, son amour, son dévouement, sa beauté, ils se mettent à côté de la question, ils font un paralogisme. Tombe aux pieds de ce sexe à qui tu dois