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pable de produire une composition régulière, ne fût-ce qu’un simple roman. De son fonds elle ne saisit que des analogies ; elle fait de la marqueterie, des impromptus ; elle compose des macédoines et des monstres. Dans la conversation, elle ne saisit pas d’ensemble le discours de son interlocuteur ; c’est au dernier mot qu’elle demande la réplique. Par la même raison elle n’a pas de puissance critique : elle fera l’épigramme, le trait d’esprit, la satire, elle réussit dans la mimique ; elle ne sait ni motiver, ni formuler un jugement. Sa raison est louche comme les yeux de Vénus. La femme a contribué largement pour sa part au vocabulaire des langues, je le crois ; mais ce n’est pas elle qui a créé les mots qui servent aux idées abstraites, substance, cause, temps, espace, quantité, rapport, etc. ; ce n’est pas elle par conséquent qui a créé les formes grammaticales et les particules, pas plus qu’elle n’a inventé l’arithmétique et l’algèbre.

Ceci nous explique un phénomène qui a longtemps étonné la raison des peuples et prosterné l’homme devant les superstitions de sa compagne, je veux parler de l’aptitude divinatoire de la femme. La femme, par son irrationalité même, a quelque chose de fatidique. Partout on la trouve prophétesse, devineresse, druidesse, sibylle, pythonisse, engastrimythe, sorcière, tireuse de cartes, somnambule, instrument ou agent de nécromancie, chiromancie, etc., une vraie table tournante. Inesse quin etiam feminis sanctum aliquid et providum putant, dit Tacite parlant des Germains ; ils pensent que les femmes ont en elles quelque chose de divin et de providentiel. On a cité ce passage en preuve des hautes prérogatives de la femme ; c’est juste le contraire qui en résulte. Plus il y a de puissance spéculative chez l’homme, moins il y a de capacité de deviner. Qu’il arrive à une femme, comme