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qu’elle est femme, l’absence de virilité. La femme n’est pas seulement autre que l’homme, comme disait Paracelse ; elle est autre parce qu’elle est moindre, parce que son sexe constitue pour elle une faculté de moins. Là où la virilité manque le sujet est incomplet, là où elle est ôtée le sujet déchoit : l’art. 316 du Code pénal en est la preuve.

Qui croira maintenant que cette corrélation physiologique ne s’étende pas à l’entendement ? De par la logique cela doit être, et de par l’expérience cela est.

La femme a cinq sens, comme l’homme ; elle est organisée comme l’homme ; elle voit, elle sent, elle se nourrit, elle marche, elle agit, comme l’homme : il ne lui manque, au point de vue de la force physique, pour égaler l’homme, qu’une chose, qui est de produire des germes.

De même, au point de vue de l’intelligence, la femme a des perceptions, de la mémoire, de l’imagination ; elle est capable d’attention, de réflexion, de jugement : que lui manque-t-il ? De produire des germes, c’est-à-dire des idées ; ce que les Latins appelaient genius, le génie, comme qui dirait la faculté génératrice de l’esprit.

Qu’est-ce que le génie ?

De sots rhéteurs ont voulu en faire le privilége de quelques élus, espèce de demi-dieux offerts par la vanité poétique à l’adoration du vulgaire. Aussi se sont-ils égarés dans leurs définitions ; le génie est resté comme un superlatif de l’entendement, et ne deviendra une réalité que lorsqu’il aura été reconnu à tous les mâles, à qui il appartient sans exception, comme la virilité de l’intelligence.

C’est la faculté de saisir les rapports ou la raison des choses, de former des séries, d’en dégager la formule ou la loi, de concevoir sous cette formule une entité, sujet, cause, matière, substance, etc. ; en un mot, c’est la puissance de créer, en présence des phénomènes, des uni-