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la femme est condamnée par sa nature à ne subsister que de la subvention de l’homme ; si celui-ci, père, frère, mari ou amant, reste en définitive seul producteur, pourvoyeur et suppéditeur, comment, je raisonne toujours selon le droit pur et en dehors de toute autre influence, comment, dis-je, subirait-il le contrôle et la direction de la femme ? Comment celle qui ne travaille pas, qui subsiste du travail d’autrui, gouvernerait-elle, dans ses couches et ses grossesses continuelles, le travail ? Réglez comme vous l’entendrez les rapports des sexes et l’éducation des enfants ; faites-en l’objet d’une communauté, à la façon de Platon, ou d’une assurance, comme le demande M. de Girardin ; maintenez, si vous aimez mieux, le couple monogamique et la famille : toujours vous arrivez à ce résultat, que la femme, par sa faiblesse organique et la position intéressante où elle ne manquera pas de tomber, pour peu que l’homme s’y prête, est fatalement et juridiquement exclue de toute direction politique, administrative, doctrinale, industrielle.

V

Infériorité intellectuelle de la femme.

Ce qui, plus que tout le reste, a fait imaginer l’utopie de l’égalité des sexes, est la doctrine platonico-chrétienne de la nature de l’âme, doctrine à laquelle la dernière main a été mise par Descartes.

L’âme, se dit-on, est une substance immatérielle, essentiellement différente du corps. Cette âme est tout l’homme ; le corps n’est que son enveloppe, son instrument. Considérées en elles-mêmes, les âmes sont égales ; le corps seul détermine entre les personnes les inégalités de puissance organique et intellectuelle qui s’y observent. Or, si la destinée de l’espèce est de s’affranchir, par la religion, la science, la Justice, l’industrie, des fatalités