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I

L’homme et la femme sont-ils égaux entre eux ou équivalents ? ou bien sont-ils simplement complémentaires l’un de l’autre, de telle façon qu’il n’y ait entre les deux sexes ni égalité ni équivalence ?

Dans tous les cas, quelle est la fonction sociale de la femme ? Partant, quelle est sa dignité ? quel est son droit ? Quelle doit être sa considération dans la république ?

Je fais pour le moment abstraction du mariage, puisque c’est le mariage qui est en question ; à plus forte raison dois-je faire abstraction de la maternité. La femme peut n’être pas mère, et de fait elle ne l’est pas toujours. Avant de le devenir, elle a de longues années à vivre ; après l’avoir été, elle en aura d’autres encore : elle a donc, dans la société, antérieurement et supérieurement aux charges maternelles, un emploi. Quel est-il ? Pendant la maternité même, elle ne perd pas ses droits de membre de la société ; ajoutons que la liquidation des charges maternelles, charges qui naturellement, et pour la part la plus forte, lui incombent, cette liquidation, dis-je, devra se faire, non pas seulement en raison du travail et de la dépense, mais en raison de la dignité sociale, morale, de la femme. Tout se réunit donc pour nous faire un devoir de rechercher la nature et l’étendue de cette dignité, qui a pour terme de comparaison la dignité de l’homme.

J’ai longtemps hésité devant la question que je me décide à traiter aujourd’hui. Quelques brusqueries échappées de ma plume, bien moins contre la femme, qui donc songe à attaquer la femme ? que contre ses soi-disant émancipateurs, m’ont attiré tant d’affaires, que je m’étais promis de n’y plus revenir et de laisser aller les choses. J’eusse voulu abolir, entre nous et nos moitiés,