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qui fut forcé naguère de quitter le pays et mourut en prison après avoir gâté, m’a-t-on dit, plus de cent cinquante enfants des deux sexes. Je laisse dans mon dossier ces histoires de curés, vicaires, aumôniers, religieuses et sœurs de charité, dont fourmille la chronique contemporaine : tirons le rideau sur ces fringales de sacristie, sur cette luxure d’hôpital. Tout cela est usé, et ce n’est plus le temps de rire. Les hontes du césarisme ont été égalées par celles de la théocratie ; les deux puissances n’ont rien à se reprocher : la sainteté profanée du mariage les condamne par un même jugement.

Ce que je tiens à faire voir, c’est que l’incontinence qui vous désole et qui vous rend si dignes de pitié a sa source dans votre mysticisme, et que plus vous exaltez votre cœur par le rêve de l’amour divin, plus, par l’inévitable réaction du moral sur le physique, vous allumez en vous la concupiscence.

XLVIII

Écoutez d’abord ce témoignage d’une de vos victimes ; c’est le même dont j’ai cité les paroles dans ma IVe Étude, à propos du gouvernement épiscopal :

« Nos supérieurs, vieux séminaristes et rien de plus, placés en dehors du monde, sans expérience de la vie réelle, nous poussent dans le sanctuaire, semblables à des aveugles conduisant d’autres aveugles ; et parce que, dans les exercices du séminaire, ils parviennent à triompher des premiers troubles de notre jeunesse, ils croient la victoire assurée pour le reste de nos jours.

« La vie dure, régime sévère, travail pénible et assidu, surveillance continuelle, existence en commun, assujettissement à la discipline ; esclavage de l’esprit, des yeux, des oreilles, de l’imagination, du cœur ; privation de boissons spiritueuses, de café, de bonne chère ; exaltation de l’âme, de la pensée, par la méditation, l’oraison, le jeûne, les conférences, etc.