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ment Paul a le droit de s’écrier avec un légitime orgueil :

Certes, je crois que moi aussi j’ai l’esprit de Dieu ; Puto autem quòd et ego Spiritum Dei habeam ?

XXXIX

Que la théologie chrétienne ait fait descendre le mariage de la hauteur où l’inspiration polythéiste l’avait placé, c’est un fait que l’histoire de l’Église, que ses Écritures, ses définitions, sa pratique et toutes ses autorités démontrent avec la dernière évidence.

Mais on voudrait savoir encore quelle a été la raison supérieure de ce mouvement rétrograde, que n’expliquerait pas suffisamment la grossièreté primitive de la secte, ni l’esprit oriental de ses missionnaires. Indiquer cette raison, ce sera compléter ma critique.

Le polythéisme, avec ses dieux mâles et femelles, couplés, mariés, l’un de l’autre engendrés, avait donc idéalisé la famille et le mariage ; il avait fait de cet idéal le sommet de Justice et d’honneur auquel il conviait toutes les races humaines, toutes les conditions sociales. Hercule, après sa mort, reçu dans le ciel et devenant l’époux d’Hébé, était l’emblème de la barbarie qui s’élève des violences de l’amour à la sainteté du mariage. On a vu ensuite par quelle dégradation du sentiment religieux et quel concours de circonstances la famille païenne déchut de cet idéal ; comment, enfin, par les raffinements de son érotisme, la société grecque et latine s’abîma dans la volupté unisexuelle.

Que va faire le christianisme ?

C’est une loi de l’histoire, qui a son principe dans le mouvement évolutif des idées, que toute révolution, en même temps qu’elle nie et abroge l’état antérieur, ne fait pourtant que le continuer : nous en avons vu un exemple, à propos du travail, dans la succession des lois qui