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porte point par elle-même d’effets civils ; en un mot, un contrat de concubinage.

Le mot déplaît, mais ce n’est pas ma faute. Je voudrais, comme l’empereur Auguste, comme les Apôtres, comme toute l’Église, qu’il pût être rendu honnête ; à ce titre, j’accepterais avec reconnaissance la bénédiction religieuse. Mais que vous vous mariiez devant le Christ, comme H. Pescatore, ou devant le Soleil, comme Marat, qu’importe cette symbolique ? Dès lors que vous écartez votre pays, ne demandez rien à votre pays : vous ne pouvez pas réunir à la fois les franchises du contrat naturel, même sanctifié par le culte, avec les droits du contrat civil que votre intention a été d’esquiver. Peut-être en croirait-on votre protestation, si l’Espagne, encore sous le joug des prêtres, eût été le seul pays où il vous fût possible de vous marier ; mais vous étiez en France, où la régularisation de votre communauté n’eût certes pas été de mauvais exemple : qu’alliez-vous faire en Espagne ?

XXXVIII

J’ai prononcé le mot de divorce.

L’Église, et je parle de toutes les églises, grecque, latine, réformée, sans exception, l’Église, par la manière dont elle a traité le divorce, l’admettant tour à tour et le rejetant, a montré une fois de plus sa pensée secrète sur l’identité du mariage et du concubinage.

D’après la tradition suivie par les rédacteurs des trois premiers Évangiles, le rabbi Jésus s’était exprimé sur le divorce en termes précis, qu’aucune interprétation ne saurait obscurcir :

« Vous savez qu’il a été dit aux anciens : Quiconque voudra renvoyer sa femme lui signifiera l’acte de répudiation.

« Et moi je vous dis que celui qui divorce d’avec sa femme,