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l’histoire des amours malheureuses de ce Jéhovah, qui se prend de passion pour deux jeunes filles, Jérusalem et Samarie, les tire de la boue et de l’ignominie, en fait ses épouses, puis est payé de son dévouement par la plus abominable infidélité. Ainsi a fait Jésus-Christ : il a aimé l’Église, pauvre et esclave ; il s’est livré pour elle ; il l’a purifiée par son sang ; il la glorifie, la nourrit, la réchauffe (nutrit et fovet), et il attend de notre fidélité sa récompense : tel est le mystère.

Rien de plus clair, à l’aide du rapprochement des deux Alliances, que toute cette allégorie du mariage. La femme, selon l’Apôtre, est un être dégradé, impur, que l’homme qui s’en approche doit, par charité, relever en s’unissant à elle, nettoyer et embellir, comme Jéhovah et le Christ son fils ont fait l’un et l’autre, le premier pour la Synagogue, le second pour l’Église.

À la suite de cette tirade Paul cite aux Éphésiens le passage de la Genèse : L’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils seront deux dans une seule chair.

Pour comprendre ce texte et n’en pas exagérer la portée, il est indispensable de rappeler l’histoire de la création.

À l’occasion des animaux, la Genèse avait dit que Dieu les créa chacun suivant un type particulier, marquant ainsi l’originalité et l’inconvertibilité des espèces. Quand ce vient à l’homme, elle parle d’une tout autre manière : Dieu ne le crée pas comme il eût fait un nouveau terme de la série animale, suivant un type particulier, conçu selon le bon plaisir de l’entendement divin ; il le fait à son image, de lui créateur. La Vulgate n’a pas rendu cette opposition, que MM. Glaire et Frank, dans leur traduction littérale de la Genèse, ont encore moins entendue, et qu’aucun interprète, que je connaisse, n’a saisie. Maintenant il s’agit de la femme : à l’image de qui sera-t-elle