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muliebri qui dans la Vulgate est adjectif et rend la phrase embarrassée, est substantif dans le grec, τῷ γυναικειῷ, le gynécée, terme honnête, pour indiquer les parties naturelles de la femme. Pauvres femmes ! ce n’est pas assez de les assujettir au devoir, voici qu’on accuse leur tempérament. Que devient l’amour ?

« Il est entendu, continue Paul, que ce que j’en dis est de pure tolérance, secundùm indulgentiam ; je n’en fais pas une loi. »

La loi, suivant lui, serait l’abstension absolue.

« Mais comme tous n’ont pas reçu de Dieu la même grâce dont je jouis (il parle de sa continence !), je répète aux célibataires et aux veuves que, s’ils ne se peuvent tenir et rester ainsi comme je fais, eh bien ! qu’ils se marient : mieux vaut se marier que brûler. »

Que dites-vous, Monseigneur, qui vantez si fort la pudeur évangélique, de ce matérialisme ? C’est pourtant là toute votre vertu : vertu brutale, digne du siècle qui la vit paraître. Comment la délicatesse grecque, comment la gravité romaine, comment la pudeur germanique, ont-elles pu, sans protestation, recevoir cette doctrine avilissante, inspirée par la lasciveté des races phénico-arabes, et dans laquelle viennent se donner la main deux réformateurs partis des extrêmes opposés de l’ascétisme et de la volupté, Paul et Mahomet ?

Chez les Romains, il était de principe non pas juridique, mais moral, que l’honnête femme ne pouvait, en thèse générale, se marier qu’une fois. De quelque manière qu’elle eût perdu son époux, la bienséance lui faisait un devoir de garder sa mémoire ; sa gloire était d’être appelée univira. Paul n’atteint pas à ce degré de convenance conjugale. Il autorise les veuves à se remarier, et si plus tard l’Église latine condamna les secondes noces, nous savons que par ce mot elle entendait le mariage contracté à la suite du divorce, qu’il est dans sa tradition particu-