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nent ici, entre les conjoints, la personnalité, la dignité ? L’épouse, assujettie au devoir, est moins que la concubine, qui, conservant sa liberté, peut du moins exiger de son amant qu’il soit aimable, réservé, même respectueux. Le mari, à son tour, est moins que l’amant libre, à qui son hétaïra, si elle est digne de son nom, ne reprochera jamais sa lassitude et son impuissance.

Après un si beau précepte, il ne manquait plus que de régler les heures et le nombre. Sous la loi du Koran, les crieurs publics, du haut des minarets, rappellent à leur devoir les maris paresseux. Paul se borne à recommander la bonne foi dans l’échange ; il laisse le chiffre ad libitum.

« Ne vous serrez pas l’un l’autre, nolite fraudare invicem, ou, suivant dom Calmet : Ne vous faites pas banqueroute, comme des débiteurs de mauvaise foi, si ce n’est d’un commun accord, et pour vaquer au jeûne et à la prière. »

La Vulgate supprime le mot au jeûne, qui se trouve dans le grec, et qu’exige le sens. Par mesure d’hygiène, l’Apôtre dispense les époux de se rendre le devoir lorsqu’ils jeûnent, d’après l’aphorisme hippocratique : Sine Baccho et Cerere friget Venus.

« Et quand vous avez fini de prier et de jeûner, revenez-y encore, iterùm revertimini in idipsum, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. »

Il veut dire, de peur que l’ardeur de la chair, vous poussant à la fornication, ne vous fasse retomber dans l’idolâtrie.

L’apôtre Pierre, dans sa première épître, ch. iii, v. 7, recommande la même chose, et pour le même motif, aux maris, mais en donnant à entendre que c’est surtout par charité pour les femmes, dont la nature est plus faible, et qui n’en sont pas moins, avec les hommes, cohéritières de la grâce : Quasi infirmiori vasculo muliebri impertientes honorem, tanquàm et cohœredibus gratiæ vestræ. Le mot