Page:Proudhon - De la justice dans la Révolution et dans l’Église, tome 3.djvu/289

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sent Paul et Céphas ; enfin, et surtout, les amours pédérastiques, dont il se faisait un commerce pour les deux sexes, d’après ce que rapporte Paul lui-même (Rom. I, 26 et 27).

Tel est, selon lui, la raison évangélique du mariage : retour à l’usage naturel, tombé en désuétude chez les païens, et renoncement à toutes les prostitutions. La Genèse avait dit, avec infiniment plus de dignité : Il n’est pas bon que l’homme soit seul : donnons-lui une compagne de son espèce. La philosophie de Paul est autre : pour lui, le mariage n’est qu’un remède à l’incontinence. Dom Calmet, qui suit saint Chrysostôme, trouve le motif apostolique plus relevé que celui de la Genèse ; pardonnons au digne bénédictin : il était, comme ses modèles, célibataire.

Loin d’élever l’épouse et d’honorer le mariage, Paul les prend donc, la première comme remplaçante de la courtisane, le second comme supplément de la fornication. Quant à la difficulté économique, si bien mise en lumière de nos jours par Malthus, Paul ne s’en inquiète aucunement ; loin de là, on dirait qu’il s’en applaudit. Le mariage étant une concession regrettable faite à la chair, on ne saurait l’entourer de trop d’épines, le racheter par trop de tribulations. Aussi raisonne-t-il de l’usage du mariage en digne précurseur de Mahomet :

« Que le mari rende le devoir à la femme, et semblablement la femme au mari. »

« Car la femme n’a plus la propriété de son corps, mais le mari ; et l’homme n’a pas non plus la propriété du sien, mais la femme. »

Tout à l’heure on nous disait que le mariage était institué pour empêcher la fornication ; mais n’est-ce pas fornication pure que ce commerce conjugal, à la manière dont l’entend Paul, et toute l’Église après lui ? Que devien-