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sir, de faire l’amour à ce vilain garçon. Socrate interroge Théétète, le force par ses questions de montrer son intelligence, fait ressortir son heureux naturel, et lui dit à la fin devant tout le monde : Va, tu es beau, Théétète ; car tu possèdes la beauté de l’âme, mille fois plus précieuse que celle du corps. Parole digne de l’Évangile, qui dut frapper vivement les Athéniens, et que Platon n’aurait eu garde de perdre.

Cornélius Népos, dans la vie d’Épaminondas, raconte que, le roi de Perse ayant eu dessein de l’acheter, Diomédon de Cysique, qui était chargé de la commission, commença par mettre dans ses intérêts un tout jeune homme, appelé Micythus, qu’Épaminondas aimait de tout son cœur, quem tùm plurimûm diligebat. Que fit le héros thébain ? Après avoir admonesté sévèrement l’entremetteur du grand roi, il dit à son jeune ami : Pour toi, Micythus, rends-lui vite son argent, ou je te dénonce au magistrat !… Étrange occupation pour des pédérastes, de prêcher à leurs gitons, de parole et d’exemple, la modestie, l’étude, le désintéressement, la chasteté, tous les genres de vertu, et de les menacer du châtiment s’ils s’en écartent !…

Dans une guerre que ceux de Chalcis soutenaient contre leurs voisins, ils durent la victoire au courage de Cléomaque, un des leurs, qui se dévoua à la manière d’Arnold de Winkelried, à la seule condition de recevoir auparavant un baiser de son ami, et de mourir sous ses yeux. C’est Plutarque qui raconte le fait. Je voudrais savoir si la chevalerie a produit rien de plus beau et de plus chaste que ce trait ?

Tout le monde sait que le bataillon sacré de Thèbes, qui périt tout entier à Chéronée, était formé de trois cents jeunes gens, 150 paires, dont l’amour autant que le patriotisme formait la discipline. J’avoue qu’il me ré-