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Le christianisme a rangé le péché de sodomie parmi ceux qui crient vengeance contre le ciel ; à l’exemple du judaïsme, Lévit. xx, 13, il l’a jugé digne de mort. Sans aller jusqu’à la mort, je regrette que cette infamie, qui commence à se propager parmi nous, soit traitée avec tant d’indulgence. Je voudrais qu’elle fût, dans tous les cas, assimilée au viol, et punie de vingt ans de réclusion. Mais le mieux serait d’y trouver un antidote, et peut-être les pages qu’on va lire, et que j’abrégerai le plus possible, fourniront sur ce triste sujet d’utiles lumières.

Chez les anciens Romains, de même que chez les barbares du Nord, Gaulois, Germains, Scandinaves, la pédérastie semble avoir été à peu près inconnue : je n’en veux pour preuve que la révolution arrivée à Rome, l’an 326 avant Jésus-Christ, à la suite du crime de Papirius. C’est aux Grecs, leurs maîtres ès arts et belles manières, que les Romains des derniers temps de la république empruntèrent cette variété de l’art d’aimer, contre leur inclination propre, et par pure émulation de raffinement. Quant aux Bulgares ou Boulgres, dont le nom est devenu au moyen âge synonyme de sodomite ou pédéraste, j’attribue leur infection à la même origine : ce n’est pas d’aujourd’hui que les civilisés inoculent aux nations dans l’enfance leur débauche et leur vérole.

Mais les Grecs eux-mêmes s’y étaient-ils adonnés de leur propre nature, ou n’en auraient-ils pas pris d’ailleurs l’habitude ? Je penche pour cette dernière opinion. Les Grecs appartiennent au groupe des races celtiques ou druidiques, belliqueuses et chastes. Leurs premiers initiateurs, Olen, Linus, l’ancien Orphée, descendus de Thrace, ressemblent bien plus aux bardes d’Ossian qu’aux mystagogues phrygiens, assyriens et autres. Le génie esthétique des Grecs, incomparable pour la pureté, la sobriété, la dignité, m’est encore un argument de leur chasteté natu-