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La génération déclarée incompatible avec la félicité domestique ; la femme d’autre part, en raison de son infirmité naturelle, devenue plus à charge qu’à profit, sans raison d’existence, la sexualité est de trop. À quoi bon ce dualisme, si contrariant par sa fécondité intempestive ? La nature s’est trompée. Ne pouvait-elle autrement pourvoir à la conservation de l’espèce, séparer le travail de la génération des jouissances de l’amour ? La femme, dans cette hypothèse, ne conservant de sa constitution actuelle que ce qu’il en faut pour la volupté, devenant l’égale de l’homme, aurait pu, sans être à charge, conserver son indépendance, remplir aussi les fonctions politiques et économiques ; ou plutôt, toute distinction de famille, de propriété et de sexe étant supprimée, l’humanité eût vécu dans une communauté de biens et d’amours où la Justice, objet de tant de disputes, eût été aussi inconnue que l’inégalité même.

L’unisexualité, tel est le dernier mot de cette dégradation de l’amour. Or, comme il ne se peut rien concevoir par l’entendement qui ne tende à se réaliser dans le fait, l’unisexualité a pour expression pratique, chez tous les peuples, la pédérastie.

XX

Je voudrais qu’il en fût de notre langue comme du latin, dont Boileau a dit :

Le latin dans les mots brave l’honnêteté.

Il est des choses dont on n’inspire bien l’horreur qu’en en parlant comme le peuple, dans les termes les plus énergiques, toute expression détournée pouvant paraître une atténuation du crime plutôt qu’un égard aux bienséances. Puisqu’il m’est défendu d’imiter Juvénal, je prie le lecteur d’avoir égard à la contrainte où me réduit l’usage, et de suppléer de son mieux à la modestie de mes paroles.