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gal, puis de la tolérance du lupanar, ou, ce qui revient au même, de la voltige amoureuse qu’entraîne le concubinage, nous entrons comme de plain-pied dans la région du crime : adultère, stupre, inceste, viol. Possible que cette série éprouve de fréquentes interversions : il en est du crime comme de la valeur, qui aux âmes bien nées n’attend pas, dit le poëte, le nombre des années. Je raisonne sur la moyenne de la moralité publique ; et l’on ne saurait nier que la marche de la dépravation dans cette moyenne ne suive le progrès indiqué plus haut :

1. Réduction du mariage religieux à une convention purement civile ;

2. Assimilation de l’amour conjugal à l’amour concubinaire ;

3. Désertion du mariage pour le concubinage ;

4. Le concubinage abandonné à son tour pour la prostitution ;

5. Promiscuité générale, débauche et crime.

Sommes-nous à la fin ? Pas encore : la logique est inexorable, et il nous manque une conclusion.

Dans ce mouvement rétrograde, que signifie la femme ? à quoi répond-elle ? quelle idée sert-elle ? quelle est, devant la société et devant la nature, sa destination ?

La femme, épouse, concubine ou prostituée, moyen de fortune pour quelques-uns, ustensile de ménage ou article de mode pour la masse, objet de consommation pour tous ; la femme, hors de la luxure universelle, n’a pas de destinée, pas de raison d’existence, ni politique ni économique, ni philosophique ou esthétique, ni familiale ; elle n’a plus même de raison puerpérale, puisque le motif principal qui fait fuir le mariage, rechercher le concubinage et l’amour libre, est la crainte de la grossesse, l’horreur de la progéniture.

Allons donc jusqu’au bout.